Après quelques belles journées de canicules, un léger redoux est très appréciable pour notre balade de la journée. Rendez-vous donné à la place de la mairie de Baigorri à 9h, le départ de la randonnée est au col d'Izpegi.
Un petit topo s'impose avant de commencer la randonnée avec notamment la présentation du site Natura 2000 sur lequel nous nous trouvons. Mais qu'est ce que Natura 2000 ? Il s'agit d'un réseau Européen de sites naturels reconnus pour la présence d'espèces, d'habitats et/ou d'habitats d'espèces rares et menacés. Ces sites sont désignés au titre de deux directives : la directive habitat qui, comme son nom l'indique, confère une importance au site pour la présence d'habitats et d'habitats d'espèces remarquables, et la directive oiseau qui classe des sites par rapport à l’intérêt qu'ils présentent en matière d'accueil d'espèces d'oiseaux dont la liste est fixée par arrêté ministériel.
Ici, nous sommes à la fois sur une Zone Spéciale de Conservation (désigné au titre de la directive habitat) et sur une Zone de Protection Spéciale (directive oiseau) de respectivement 19 500 et 14 800 ha. Ce sont donc une multitude d'habitats et d'espèces de faune sauvage que nous pourrons découvrir tout au long de cette promenade.
Notre premier arrêt se fait au sein de la forêt de Nekaitz. Cette forêt monospécifique de Hêtres fait parti des habitats désignés comme étant d'intérêt communautaire par la directive habitat. Ce milieu est désigné sous le nom de Hêtraie acidiphile montagnarde à Houx. Ce sont des forêts propres au domaine atlantique bien arrosé à une altitude supérieure à 500 m. Selon les cahiers d'habitats, la valeur écologique de ce milieu n'est pas extraordinaire dans le sens où il est en général bien représenté. Les faciès à Houx sont cependant important compte tenu de leur état résiduel.
Il est important de parler de l'histoire de ces forêts fortement liée au passé minier et industriel de la vallée. En effet, l'exploitation minière qui date de l'antiquité jusqu'au XXème siècle, nécessita une grande quantité de charbon issu directement des forêts de la vallée. On peut encore trouver des emplacements où le charbon était fabriqué dans les forêts même.
Une fois la forêt traversée, nous nous retrouvons dans des landes à bruyère. C'est l'occasion de s'initier à l'identification des quelques six espèces que l'on peut trouver dans nos montagnes basques. Il s'agit là de Landes ibéro-atlantiques thermophiles. Représentées sur l'ensemble du site Natura 2000, ces landes se trouvent sur des versants en général bien exposées. Les stations où elles sont représentées, se caractérisent par un sol peu profond à squelettique et acide (pH:5,5). Landes plus ou moins humides dont le cortège d'espèces accompagnatrices est un bon indicateur du caractère Atlantique (Agrostis curtisii, Arrhenaterum thorei, Potentilla montana, Polygala serpyllifolia,...). Les éricacées dominent avec une forte présence d'Erica cinerea et Erica vagans, moins représentée Daboecia cantabrica et pour les stations les plus humides, Erica ciliaris et Erica tetralix. Dans la plupart des cas, ces landes atlantiques prennent une forme de mosaïque combinant touffes d'Ajoncs (Ulex europaeus, Ulex galii et Ulex minor), éricacées et graminées (Agrostis setacea, Pseudarrhenatherum longifolium). Ces landes secondaires sont issues de la dégradation de la forêt (C. Vanden Berghen) puis ont été maintenues par un pâturage extensif d'espèces rustiques d'ovins et bovins. Elles peuvent être qualifiées de landes pastorales. Landes anthropiques qui peuvent évoluer de façon naturelle soit vers des chênaies acidiphiles dans le cas où elles se situent en dessous de 800m, soit vers des hêtraies au delà de cette limite.
Une fois tout cela expliqué, nous filons tout droit vers Elhorriko kaskoa pour l'heure du repas, du moins, pour ceux qui ont pensé à l'amener ! Après un petit échange sur le ton de la rigolade sur « est ce que le CPIE a précisé qu'il fallait apporter le pique-nique ? » (réponse : oui), un élan de solidarité permet à nos « têtes en l'air » de pouvoir reprendre des forces.
Afin de permettre à chacun une digestion douce, un petit topo sur les rapaces du Pays basque s'impose avant de repartir. Nous mettons plus particulièrement l'accent sur nos trois vautours à savoir le Vautour fauve, le Vautour percnoptère et le Gypaète barbu. Dans le but de reconnaître chacun de ces rapaces en vol, une petite leçon de silhouettes est proposée.
C'est ensuite le moment d'entamer le retour en faisant un petit détour par le col d'Elhorrieta pour parler de monuments mégalithiques protohistoriques : les cromlechs. Ce sont des cercles de pierres enfoncées verticalement dans la terre et à l'intérieur desquels se trouvent les restes incinérés, en forme de cendres déposées dans des poteries, des paniers ou de simples trous. En réalité, d'après le docteur Blot qui a longuement étudié les monuments mégalithiques en Pays basque, il s'agirait de cénotaphe c'est à dire un monument ne contenant pas de corps.
Sur le retour, nous trouvons entre le col d'Elhorrieta et celui de Nekaitz des têtes de bassin qui forment de très belles zones humides. Les conditions particulières de ces milieux sont à l'origine de la présence d'espèces de flore qui ont su développer des techniques originales pour se nourrir. Par exemple, la sphaigne, qui constitue un tapis dense au sein de ces zones humides, libère des ions d'hydrogène pour se nourrir. Le principe est simple. Tout élément est neutre. En libérant des ions H+, la sphaigne devient négative. Elle va donc attirer les ions NPK qui eux sont positifs. Cette méthode permet de capter le peu d'élément nutritif qui est présent dans ces milieux anaérobiques.
Autre cas particulièrement intéressant, celui de la Drosera. Cette petite plante carnivore créée une attraction visuelle pour les insectes grâce à sa coloration rouge et vert pomme. Les insectes, attirés par ces couleurs vives, vont venir se poser sur la plante. C'est alors qu'ils vont se coller dans une sorte de glu disposée au bout de longs cils. Une fois piégé, la carapace externe de l'insecte va être attaquée par des enzymes et l'intérieur de l'insecte qui contient toutes les lipides sera alors absorbé.
Nous terminons ainsi notre promenade en traversant la magnifique forêt de Nekaitz mais cette fois versant Espagnol. Un petit verre de rigueur avant de se quitter puis cette belle journée se termine.