Le retour de Sai xuria
Comme chaque année, le CPIE Pays basque propose dans le cadre de son programme de sorties naturalistes, une sortie sur le thème du vautour percnoptère. Cette journée est l'occasion de découvrir l'espèce, son écologie, sa répartition, ses effectifs,... mais aussi, lorsque la chance est avec nous, de nombreuses autres espèces de rapaces. Malgré un premier report pour cause de mauvais temps, la chance nous sourit aujourd'hui puisque notre petite balade sur le massif d'Oilandoi fut riche en observation.
Arrivés sur place, nos participants ont droit à une petite introduction sur l'espèce. Ils découvrent que le Vautour percnoptère est une espèce migratrice qui passe l'hiver en Afrique et plus précisément au Mali et en Mauritanie pour la plus grande partie des effectifs d'Europe occidentale. Il revient ensuite sur ses quartiers estivaux vers fin février début mars. Au Pays basque, on l'appelle Sai xuria ou Behi bideko emazte xuria ( la dame blanche du chemin des vaches). Il est représenté sur le territoire par 18 couples nicheurs mais aussi par des juvéniles en nombre parfois important qui restent cantonnés à deux dortoirs. Sur l'un d'entre eux, 45 individus ont été recensés en une journée.
Nous entamons l'ascension du massif quand tout un coup, c'est un autre rapace beaucoup plus rare qui fait son apparition ; le Gypaète barbu. Cet oiseau emblématique et très menacé nous fait l'honneur de sa présence exceptionnelle puisque seulement quatre couples nichent en Pays basque. Tous conscient de la chance que nous avons d'observer cette espèce, nous le suivons jusqu'à ce qu'il disparaisse au niveau du col d'Aharza. Un peu plus loin, c'est au tour d'un Aigle botté de faire son apparition. Sous les feux des projecteurs, ou plutôt des jumelles, nous le voyons se défendre face à un grand corbeau qui vient à la charge.
Au moment d'entamer la dernière montée qui nous permet d'arriver à la chapelle, chacun commence à se demander quand notre star du jour daignera pointer le bout de son bec. Cette question ne se posera pas longtemps puisque au bout d'une petite centaine de mètres, un premier adulte survole Oilandoi avant d'en rejoindre un autre et de disparaître dans un vallon. Ce fut une observation certes furtive, mais tellement agréable. Une fois parvenu au sommet, les estomacs crient famine. C'est derrière quelques rochers que nous trouvons refuge à l'abri du vent pour nous restaurer mais des nuages très menaçant se dirigent vers nous depuis le sud de la vallée. Nous entamons donc la descente après quelques éléments supplémentaires apportés sur l'espèce. Chaque participant connaît maintenant le régime alimentaire de ce nécrophage qui est composé de vraiment tout et n'importe quoi. En effet, le Vautour percnoptère est un oiseau opportuniste. Il se nourrit aussi bien de restes de cadavres que de coléoptères, excréments,... Cette alimentation lui joue parfois de mauvais tours puisqu'il est trop souvent victime d'empoisonnement notamment en Espagne où les campagnes de lutte contre les « nuisibles » sont très fréquentes et finissent par toucher des espèces non visées comme les vautours protégés.
Après ces quelques explications supplémentaires, les premières gouttes commencent à tomber. Nous décidons donc de terminer notre journée à l'abri puisque les conditions deviennent mauvaises pour l'observation. C'est donc autour d'un bon chocolat chaud à la chocolaterie de Baigorri que se termine cette splendide journée.